Un obstacle à l'apprentissage du judo : la Liaison Debout Sol
Etude de cas pour des élèves de sixième
DAMPENON M. E., TERRISSE André
GRDAPS LEMME
équipe d'accueil 3042 - Université Paul Sabatier
Toulouse - France
Introduction :
LDS comme INTERET A L'ENSEIGNEMENT et OBSTACLE A L'APPRENTISSAGE
Un des obstacles à l'enseignement et à l'apprentissage du judo est la Liaison Debout Sol (LDS).
En effet, de nombreux ouvrages sur l'enseignement du judo évince ce "concept" (terme de P. ROUX pour parler de LDS) de la formation des jeunes judokas.
De plus, une étude précédente (DAMPENON, 1994), a repéré les différents problèmes consécutifs à l'apprentissage de l'enchaînement du travail debout avec le travail au sol au travers de l'appréhension des représentations fonctionnelles de judokas de niveaux de pratique divers.
La LDS est un obstacle en
soi puisque le but du judoka consiste à utiliser le déséquilibre de
l'adversaire afin de le projeter largement sur le dos avec vitesse, force et
puissance, sinon de le contrôler au sol par immobilisation, clé ou
étranglement. Ce passage de la position verticale à la position horizontale du
couple devient une difficulté majeure de la pratique, ce qui a été largement
démontré par les observations de P. ROUX (1990) sur des combats de champions de
haut-niveau.
La construction de la LDS
constitue ainsi un objet d'enseignement essentiel comme condition de sécurité,
d'efficacité et de compréhension du judo, notamment pour des élèves de
collèges.
Cette étude s'appuie sur une
apparente contradiction : la LDS, bien que perçue comme un des points
importants sur lequel intervenir pour faire progresser les judokas est
toutefois un obstacle à l'apprentissage des apprenants.
Afin de décrire et de
comprendre l'obstacle qu'elle constitue, une recherche a été mise en œuvre sous
la forme d'une ingénierie didactique, modalité propre à évaluer l'écart entre
le savoir enseigné et le savoir appris dans un sport de combat.
Pour notre recherche, nous
fonderons l’objet d’enseignement en milieu scolaire grâce à l’observation des
écarts entre les différentes étapes du savoir : le savoir de référence (TERRISSE, 1998) issu de la pratique de référence (MARTINAND,
1989), le savoir à enseigner, le savoir enseigné et le savoir appris.
Nous nous situons alors dans
une phase de transposition didactique
qui étudie ces différentes transformations.
Cependant, s’agissant d’une
vaste entreprise, nous réduirons l’observation au décalage entre le savoir
enseigné et le savoir appris dans le but de mieux situer les problèmes
engendrés par l’obstacle LDS chez des débutants. Autrement dit, se pose la
question du comment chacun des acteurs, enseignant et élèves, résoud les
problèmes rencontrés dans le franchissement de l'obstacle.
II. MISE A L'EPREUVE D'UNE OPTION DIDACTIQUE REPOSANT SUR UNE
CONCEPTION ELABOREE
Pour comprendre comment cet
obstacle est franchi, une recherche est mise en œuvre sous forme d'ingénierie
didactique. Proposée par M. ARTIGUE en 1990 et reprise par TERRISSE et
SAUVEGRAIN (1998) pour les sports de combat, cette méthode de recherche
comprend quatre étapes spécifiques à cette recherche en didactique :
1. une analyse
préalable
2. une
conception et une analyse a priori
3. une
expérimentation
4. une analyse a
posteriori et une validation
Le but est donc de mettre à l'épreuve de façon rationnelle une option didactique qui repose sur une conception élaborée.
L'hypothèse de travail
repose sur la construction d'un savoir
suivre au sol à partir de situations d'étude sur ce thème pour réduire les
ruptures entre le moment où le couple s'affronte debout et le moment où il
travaille au sol. S’ils dépassent cet obstacles, les élèves judokas progressent
dans leurs apprentissages. Si ces transformations face à l'obstacle sont
analysées et synthétisées, alors elles peuvent devenir une aide pour les
enseignants qui essaient de faire passer des contenus d’enseignement en judo.
Suivons les différents étapes de ce type de recherche.
1°) Première étape : la LDS par rapport à l'activité
physique judo
Dans cette première étape, par une analyse de la littérature spécialisée et des entretiens avec quelques enseignants de judo, il s'agit d'une part de situer la place de la LDS dans le judo, et, d'autre part d'essayer de définir la LDS comme un objet d'enseignement.
1.1
Inventaire de la littérature spécialisée
Ayant fait un inventaire de
la littérature spécialisée, le corpus d'étude retenu se constitue de diverses
publications.
D'abord, nous faisons
référence aux ouvrages écrits par des spécialistes judo. Nous les avons trouvés
dans les centres de documentation de la Fédération Française de Judo et de
Sports Associés (FFJDA),de l'Institut National des Sport et de l'Education
Physique (INSEP) et de quelques Unité de Recherche et de Formation en Sciences
et Techniques des Activités Physiques et Sportives (UFRSTAPS).
Puis, nous nous sommes
attachés à compulser la revue Judo.
Enfin, cette recherche en milieu scolaire nous a amenés à étudier les articles de la revue Education Physique et Sportive (EPS) ciblant l'activité judo.
Pour faire les analyses des différents documents, les indicateurs suivants sont choisis pour étudier comment le(s) auteur(s) parle(nt) de la LDS :
· existence ou non de la LDS ;
· place prise par rapport aux autres domaines du judo : spécifique du judo, appartenant au travail debout ou au travail au sol, autres ;
· la forme d’apparition : technique ou didactique/pédagogique ;
· la façon de la décrire : les conditions et résultats des actions en LDS, les différentes opportunités, les positions d’arrivée et configurations du couple au sol, les différentes actions pour éviter la rupture des actions, le niveau de pratique.
1.2 Entretien et questionnaire
Nous avons interrogés un
certain nombre d'enseignants sur la LDS et sa place dans le judo.
Certains ont répondu à des questionnaires
: Messieurs BOURGOIN père et fils, PELLETIER et deux entraîneurs Japonais lors
des championnats du Japon 1993 (dont Hosokawa Singi, médaille d'or aux Jeux
Olympiques de Los Angeles en 1984).
D'autres sont confrontés à
un entretien semi-directif, sur les mêmes bases que les questionnaires
précédents : JANICOT, ROUX, CALMET en 1998).
1.3
Les résultats
42 % des ouvrages de la
littérature spécialisée mentionnent la LDS d'un point de vue technique, et 8 %
en parlent en terme pédagogique et didactique. Dans ce dernier cas, les auteurs
s'adressent surtout à des débrouillés, voire même des confirmés.
Souvent, le travail s'engage
à partir d'une configuration du couple au sol (exemple : un à quatre pattes,
l'autre à genoux).
Or, quelques exceptions sont
à noter.
Tout d'abord, dans la revue
EPS, trois enseignants abordent la LDS à partir d'une projection : BRESCIANI
(1966), BOULAT (1973), MESSMER (1972).
Ensuite, dans le même ordre
d'idée, le travail interdisciplinaire de BOULAT (1973) sur la "lutte, judo,
sambo" définit une conception de la LDS partant de la projection qui peut
être, entre autre, une forme de maki komi (forme de corps en sacrifiant son
équilibre par enroulement), et ce , dès le niveau débutant.
Enfin, le mémoire INSEP de
ROUX (1990) étudie le haut-niveau de l'époque pour essayer de dégager "une
systématique, une didactique d'enseignement de la LDS" (p. 21).
1.4
La LDS comme objet d'enseignement
La LDS peut alors devenir
objet d'enseignement à condition de retenir ces trois principes : sécurité,
continuité et sens.
La sécurité dans le couple
est primordiale pour le niveau débutant. Elle s'actualise dans le savoir
contrôler la chute de son adversaire (manche tenue et équilibre de tori lors de
la projection).
La continuité est source
d'efficacité. Or, "le combat debout peut amener des situations favorables
au sol mais qu'il faut encore savoir exploiter" (ROUX, 1990, p. 127). Le
travail au sol dès le niveau débutant permet de reconnaître ces opportunités et
les façons de les utiliser.
L'élève donne du sens à son
activité en reliant le travail debout avec le combat au sol. Le judo, c'est
autant marquer des points debout qu'au sol.
Dans ces circonstances,
quelle est l'option didactique retenue en LDS ?
2°) deuxième étape : développer une option
didactique pour des débutants et la valider.
Cette étape consiste à
développer une option didactique et à la valider. Il s'agit de faire des
propositions pour enseigner la LDS, obstacle à l'apprentissage et à
l'enseignement.
2.1
La notion d'obstacle
L'obstacle est un problème
qui impose à l'élève des ruptures avec ce qu'il connaissait déjà. Le
dépassement de cet obstacle assure, selon BROUSSEAU (1989), didacticien des
mathématiques, un "saut informationnel" dans ses apprentissages. Les
erreurs, les "connaissances fausses" sont nécessaires pour établir
des savoirs définitifs. L'erreur devient donc "un outil pour
enseigner" (ASTOLFI, 1997) et acquiert un statut positif. Elle sert
d'indice pour comprendre le processus d'apprentissage et de témoin pour repérer
les difficultés des élèves face à un obstacle. L'élève trouve alors des
solutions qu'il ne possédait pas grâce au franchissement de cet obstacle.
2.2
Obstacle LDS pour les débutants
Chez le débutant, l’obstacle
en LDS concerne l’utilisation du déséquilibre passager dans le couple. En
effet, l’enfant ne contrôle pas son équilibre lors de la chute de uke : il
lâche le kumikata (saisie de la veste adverse) car il conserve une position si
possible verticale pour s’équilibrer debout, sinon il s’écroule au sol ou sur
son adversaire.
L’enseignant devra
transmettre et faire acquérir un savoir suivre au sol sans altérer l’intégrité
physique de l’un des deux protagonistes du couple. Ce savoir passe par
l’appropriation dans le couple, d’une part pour tori du savoir contrôler à la
fois la chute adverse et sa propre descente au sol, et d’autre part, pour uke
du savoir chuter sans se faire mal.
Les indicateurs du
dépassement de cet obstacle passent pas des observables sur la conservation (ou
construction) d’appuis ou de saisies entre la projection de uke et
l’affrontement du couple au sol. Chez les débutant , il s’agit alors de
dépasser l’équilibre « contraint » du couple (opposition systématique
des deux combattants) à un déséquilibre de l’autre et de son utilisation pour
suivre au sol. C’est donc savoir utiliser et contrôler (au sens sécuritaire) un
déséquilibre passager dans le couple.
2.3
Construire un script didactique : aide à l'apprentissage et à l'enseignement
Un script didactique est élaboré à partir de la motricité de jeunes judokas débutants en LDS et matérialisée sous forme d'arborisation ou encore scénario (ROUX) ou algorithme (COLLINET).
Grâce à la relation
élève/enseignant au travers de contenus en LDS, l'apprenant peut construire son
"savoir suivre au sol".
Issu du langage
cinématographique, encore appelé scénario (ROUX) ou algorithme (COLLINET), le
script didactique se définit comme une suite de tâches significatives pour
faire progresser, en l'occurrence, les élèves judokas en LDS. Il aboutit à une
évaluation par des combats en opposition différée et la présentation d'un kata
(enchaînement de forme de corps sur un thème) élaboré par le couple avec des
thèmes imposés à uke.
Dans ce contexte, il est à souligner l'importance des rôles et des actions associées à chacun des protagonistes du couple dans les situations d'étude. Celles-ci sont des hypothèses de travail pour faire progresser les élèves en judo en respectant les trois principes de sécurité, continuité et sens de l'objet d'enseignement LDS.
Le script définit trois
configurations du couple avec :
- premièrement, uke un genou
au sol (mi-hauteur de chute),
- deuxièmement, uke en
déséquilibre avant (vision du sol lors de la chute) sur action de tirer de
tori,
- troisièmement, uke en
déséquilibre arrière sur action de pousser de tori.
Il y a acquisition de la
"verticale descendante" selon l’expression de M. CALMET dans le
couple qui se construit sur le savoir chuter et le savoir projeter grâce à la
dédramatisation et la sécurisation des espaces vertical et arrière dans le
couple en relation avec les savoirs spécifiques à la LDS, c'est-à-dire savoir
utiliser le déséquilibre adverse, contrôler la chute adverse et sa propre
descente au sol, dynamiser ses appuis et utiliser son poids de corps,
construire des points d'ancrage pour obtenir le contrôle final,
l'immobilisation.
uke
tori |
Déséquilibre avant de uke |
Déséquilibre
arrière de uke |
||||||||||||||||||||||||||||||||||
Faire chuter et immobiliser |
Tori
projette vers l’avant et uke chute : 1.
uke ne réagit pas 2. uke réagit soit en tirant ou poussant tori, soit en passant sur le ventre |
Tori
projette sur l’arrière et uke chute : 1.
tori extérieur des pieds de uke 2.
uke sur le dos prend une jambe 3. uke retourne la situation |
A ce stade de l'étude, il
est nécessaire de faire passer ce script didactique au crible de la réalité des
tatamis. C’est la mise à l’épreuve de ce script.
3°) Troisième étape : l'expérimentation ou la mise à l'épreuve du script didactiques LDS
Cette étape à pour but
d'expérimenter le script didactique précédemment élaboré.
3.1
Situation écologique d'enseignement
L'expérience se réalise dans
une situation naturelle d'enseignement : soit, une classe mixte de sixième
comprenant vingt-quatre élèves , dans un établissement rural. Chaque enfant a à
sa disposition une veste et une ceinture de judo. Les cours ont lieu dans un
dojo (10m sur 20m).
Les élèves passent dans une
situation de référence en séance 1 et séance 8 et sont confrontés aux
situations d'études du script didactique de la deuxième à la septième séance.
Cette situation permet d’observer l’évolution des élèves dans le domaine de la
LDS.
3.2
Situation de référence : un combat en opposition différée
La situation de référence
choisie cherche à identifier la transformation de la motricité du couple en LDS
entre les deux séances extrêmes.
Afin de voir apparaître des
LDS et la précision des actions dans ce domaine, nous avons retenu comme
situation de référence une situation de combat filmée avec opposition différée
dans le temps. C'est-à-dire le combat debout s'effectue selon un degré zéro
d'opposition (situation duo) avec l'initiation de l'un des deux protagonistes
pour la projection dans le but de finir , si possible, par un contrôle au sol. A
l'arrivée au sol de l'un des deux combattants, le combat est total, le but
étant pour chacun de finir en immobilisation.
A l'issue du temps d’une
minute, le combat est remporté par celui qui a obtenu le plus de points : 1
point pour une immobilisation tenue dix secondes, 2 points pour une projection
contrôlée. Dans ce dernier cas, tori doit contrôler la chute de uke en ne
lâchant pas sa manche et en restant équilibré (règlement judo benjamin) et en
contrôlant sa descente au sol.
3.3
Trois outils de recueil des données
Lors des séances
« une » et « huit », nous avons croisés les données
recueillies à partir des images vidéo de la situation de référence ainsi qu’à
partir du vocabulaire et du sens attribué aux réponses des entretiens et
questionnaires.
Pour analyser les images,
nous avons repris un outil défini pour notre mémoire de DEA (DAMPENON, 1994),
construit avec l'aide du travail de mémoire INSEP de ROUX (1990). Il
s'actualise sur la notion de cours d'action afin d'analyser la LDS d'un double
point de vue : diachronique (ou chronologique) et synchronique. Il prend en
considération les conditions de la LDS (le type de projection pour tori,
l'orientation dans l'espace de la chute de uke) et l'opportunité de démarrage
de la LDS (position d'arrivée d'un des deux combattants au sol et la
configuration du couple favorable à la LDS).
Cet outil permet d'observer
l'orientation du combat au sol, appelée résultat de la LDS : cette orientation
est soit immédiate, soit différée dans le temps.
Entre ces deux moments,
moment où le couple travaille debout et moment où il s'affronte au sol
(définition de la LDS par la FFJDA, 1990), l'aspect synchronique de la LDS est
étudié. Etudiant les différentes actions dans le couple (action/
réaction/action), des indications sont obtenues sur l'aspect technico-tactique
dans le couple à un instant précis. Les repères retenus sont les suivants : la
conservation ou non de la saisie, les points d'ancrage, la descente contrôlée ou
non, le contact avec le corps adverse, la dynamique des appuis, l'utilisation
du poids de corps.
Quels sont les résultats de
cette étude ?
4°) Quatrième étape : résultats, analyses et discussions ou les écarts entre savoir appris et savoir enseigné
4.1
Les résultats quantitatifs et qualitatifs
a.
Quantitatif
Il existe une différence
entre les deux séances extrêmes.
Lors de la première séance,
huit élèves effectuent une LDS avec immobilisation. Personne ne connaît la
LDS.
Tandis qu'à la séance huit,
seize enfants font au moins une LDS avec immobilisation. Douze en donnent une
définition. Selon eux, les acquisitions en judo se sont faites surtout par
l'apprentissage de formes de corps ("prises",
"immobilisation", "chute"), par l'application du règlement
dans les rôles d'arbitre et de juge, le tout en toute sécurité ("ne pas
faire mal" et "ne pas se faire mal").
b.
Qualitatif
Lors de la dernière séance,
vingt élèves se reconnaissent comme tori ou uke. Dix-huit savent projeter en
contrôlant la chute adverse sur action de tirade ou de poussée et savent
chuter. Quinze élèves contrôlent leur descente au sol et vont plus ou moins
vite au contact adverse. Neuf enfants savent utiliser leur poids de corps, les
appuis au sol ou les points d'ancrage.
4.2
Analyse et discussion : de nouveaux apprentissages en LDS
De nouvelles solutions sont
acquises par les élèves pour franchir l'obstacle LDS en prenant en compte le
rapport de force aménagé dans le couple. La construction de ce savoir
« enchaîner au sol » à partir d'une projection debout cherche à
répondre à la rupture dans le couple ou du moins à réduire le temps entre le
moment où le couple travaille debout et où il s'affronte au sol.
Des évolutions sont
observées en LDS :
Le savoir contrôler la chute
et savoir chuter sont acquis rapidement car la notion est enseignée dès le
début du cycle d'apprentissage et est une condition de la sécurité de chaque
individu du couple.
Le résultat est immédiat
sous forme d'immobilisation (le plus souvent sous la forme de hon gesa gatame
ou yoko shiho gatame). Ou bien, les élèves essaient de poursuivre le travail au
sol pour finir en immobilisation.
La façon de suivre au sol
comprend le plus souvent une descente contrôlée, une conservation de la manche
voire même son utilisation pour conservée uke sur le dos (plus rare), un essai
d'aller au contact adverse. Or, lors d'une vitesse d'exécution plus importante
de uke en défense, tori n'a pas le temps de réagir avant que uke se soit mis en
position de défense ou s'il arrive à suivre au sol, tori a des difficultés à
utiliser le sens du déséquilibre de uke et à utiliser leur corps et leur appui
pour mettre et/ou conserver uke sur le dos.
Les apprentissages de
l'ordre des repères visuels sont plus rapides que l'acquisition de sensations
ou de vitesse d'exécution dans un rapport d'opposition évolutif.
Mais il existe aussi un
écart entre l'enseigné et l'appris, sur le plan tactique, c’est-à-dire la façon
de répondre à un problème posé par l’adversaire en LDS.
En effet, les choix de la
forme de corps (projection ou immobilisation), de se situer dans un rôle
d'attaquant ou de défenseur au sol, de sentir l'adversaire réagir s'effectuent
à la seule initiative de l'élève et ne fait pas partie des enseignements
explicites de l'intervenant. Toute cette partie tactique s'élabore de façon
implicite chez l'apprenant.
Il existe donc des écarts
entre savoir enseigné et savoir appris dus à la façon de résoudre l'obstacle
LDS et qui donne des indications sur la manière des élèves pour construire de
nouveaux savoirs.
Dans une autre perspective, et afin d’aller plus en avant dans notre recherche sur la transmission et l’acquisition d’objets enseignés en Education Physique et Sportive, nous nous attacherons dans la suite de notre travail de voir quels sont les écarts entre un savoir à enseigner (objet d’enseignement) et un savoir enseigné (objet transmis) dans le cadre de la transmission de la liaison debout sol par un enseignant d’EPS expert en judo. Ainsi, notre but sera de déterminer quels sont les incidents didactiques qui entraînent des décisions chez un enseignant et d’interroger par là même l’activité d’intervention d’un enseignant auprès de ses élèves.
ASTOLFI J. P. (1997) L’erreur, un outil pour enseigner. ESF.
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